Écrit par Les Réseaux du Parvis |
Jeudi, 15 Mars 2012 19:20 |
Une contribution pour l’AG « Angers 2011 » : faire ruptures… rechercher et créer des signes d’espérance.
Nous avons vécu dans l’illusion du progrès infini, « c’est le grand mythe de l’Occident » nous dit Edgar Morin.
Mais, actuellement, la crise, la dette, l’augmentation des inégalités, les problèmes écologiques… font ruptures dans cet univers du progrès. Ce nouveau contexte crée un climat d’incertitude pour l’avenir.
C’est peut-être à nous de faire ruptures avec un monde qui nous emmène malgré nous vers des chemins sans issue.
Pour vivre autrement, nous avons besoin de faire des ruptures :
Avec l’hyperconsommation qui envahit notre espace : la personne est réduite à un objet qui consomme et qui produit avec des conséquences très importantes pour l’avenir de la planète. Faire rupture c’est rechercher de la sobriété dans la consommation, rechercher la production de proximité, prendre soin de notre humanité.
Faire rupture, c’est dénoncer la dévalorisation de la personne prise en compte seulement dans une logique comptable. Les savoirs pris en compte n’ont de valeur que s’ils ont une valeur marchande, comptable, et pourtant, le temps de la rencontre, du cheminement, de la réflexion à plusieurs sont essentiels dans les domaines de la santé psychique, physique, dans le social, dans les services rendus à la personne, dans l’éducation…
Les grilles d’évaluation et les protocoles « codés » envahissent le domaine des services en détruisant la qualité de ces services. Dénonçons cette course aux nomenclatures quantifiables, monétarisées. Dénonçons cette ère du coaching permanent et redonnons du temps à la prise en compte de la personne humaine comme être relationnel. « La chose a un prix, l’homme a une dignité » nous dit Kant.
Faire rupture, c’est actuellement dénoncer les spéculations des banques, les placements à risques, les emprunts toxiques, le capitalisme financier déconnecté de l’économie réelle. Dénoncer les spéculations sur les matières premières : le pétrole, les minéraux, les céréales etc…
Faire rupture, c’est dénoncer la suppression des services publics, les services de proximité qui créent de l’humain, de la solidarité, de la convivialité : les services de la poste, de la santé, de la justice, de l’éducation, les commerces de proximité… Il y a une dégradation de la qualité de la vie au quotidien. La course à la rentabilité immédiate et à la compétition détruit le tissu humain, les liens qui se tissent dans la proximité, le voisinage, le maintien de la santé et des relations quotidiennes.
Faire rupture « avec les systèmes techniciens » (Jacques Ellul). La technicité a emporté la planète vers une course à la productivité de compétition. La technique, l’économie, le marché prennent le pas sur le politique et les choix de vie. La compétition et la fabrication au moindre coût entraîne des délocalisations au moindre prix. Le salarié n’est plus reconnu dans sa tâche de création et de participation à une construction collective, les choix privilégient le moindre coût et la rentabilité financière pour les actionnaires.
D’autres choix sont possibles. Ne recherchons pas, dans tous les domaines, la croissance à tout prix. L’option croissance pour certains produits et décroissance pour d’autres peut réorienter un choix de société vers une économie verte, les sources d’énergie renouvelable, l’économie solidaire, une agriculture biologique respectueuse de l’environnement. Investissons dans l’éducation, la recherche, les transports publics… pour reconstruire un processus d’humanisation.
Faire rupture avec l’Institution Eglise sclérosée. « Un climat de restauration s’appesantit dans l’Eglise » nous dit Gérard Bessière, « des théologiens universitaires, des prêtres, des diacres… élèvent la voix mais personne n’est entendu ».
L’équipe nationale « Jonas » nous dit que ces protestations expriment un malaise profond et formulent des demandes précises. Ce qu’il faut surtout dénoncer, nous l’équipe « Jonas », « c’est la rupture culturelle qui s’établit entre l’Eglise et la société… Le langage, les rites, la communication sont décalés et ne sont plus porteurs de sens… »
Dans notre liberté de penser et de croire, refusons une parole « surplombante et enfermante. Soyons ouverts à l’écoute des cris à l’intérieur de l’institution, hors de l’institution. Ecoutons cette soif de dignité et de reconnaissance d’une place pour chacun dans la vie de nos groupes et de la société en étant ouverts à la richesse des différentes cultures.
Dans ce contexte, repérons, nommons, et créons des signes d’espérance pour que le futur ne soit pas le temps de peur mais le temps de la métamorphose.
« L’improbable, mais possible, est la métamorphose qui est un processus, à la fois d’auto-destruction et d’auto-reconstruction» nous dit Edgar Morin dans son livre « La Voie ».
Du fait d’un contexte incertain, il y a un affaissement de nos représentations de l’avenir, où est le temps des prophètes marqué par l’attente et l’espérance ? « Il est temps, nous dit Alain Touraine, de dégager le sens non seulement des idées nouvelles mais de pratiques individuelles et collectives qui manifestent les enjeux d’un nouveau monde… »
Des thèmes reviennent en force pour construire un avenir : l’avenir de la planète, la fraternité, la justice sociale, le développement des solidarités, la reconnaissance des cultures… L’engagement dans des associations qui oeuvrent pour plus d’humanité : RESF, ATTAC, La Cimade, Amnesty International, l’ACAT etc… « La communauté de destin de l’espèce humaine face à des problèmes vitaux appelle à une politique de l’humanité » nous dit Edgar Morin
« Il y a un bouillonnement créatif dans une dialectique de :
Mondialisation/démondialisation
Croissance/décroissance
Développement/enveloppement
Conservation/transformation »
Pour créer une politique de civilisation, prenons en compte les apports des différentes cultures, des différentes civilisations. Nous sommes dans le temps du métissage.
Dans cet objectif, soyons à l’écoute des personnes et des groupes, oeuvrons dans une recherche de plus de solidarité, de convivialité, construisons un « pacte civil » pour « vivre autrement » personnellement et collectivement.
« L’origine est devant nous » disait Heidegger. « On a le futur pour lequel on se bat » nous disait un conférencier sur les révoltes arabes. De nombreux mouvements lancent des appels, des pétitions pour qu’un « nouveau monde soit possible ». Des idées cheminent. « Les citoyens sont égaux devant les responsabilités publiques.» nous dit Pierre Rosanvallon.
Maurice Elain
Novembre 2011
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Mise à jour le Dimanche, 29 Avril 2012 17:52
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