Vivre, aujourd’hui, dans l’Esprit de l’Evangile.
Au cours de l’histoire des peuples, l’expression des croyances et des convictions a toujours été exprimée par les femmes et par les hommes dans un contexte culturel, social, économique, politique.
Dieu n’a jamais parlé, il n’y a que les femmes et les hommes qui parlent, écrivent, disent leurs réflexions, leurs analyses, leur lecture des évènements.
L’importance de la Parole :
Les grands récits de l’humanité nous montrent que la parole participe à la création de l’humanité : « au début il y a la Parole et la Parole a pris corps » nous dit l’Evangile de Jean.
Le mot « parole » vient de « parabole ». La parabole dans les mathématiques désigne un trajet qui contourne un objet pour le saisir et qui le rate. Parler n’enferme pas le vécu. C’est une représentation, une approche, tout reste à faire. C’est le manque qui est la source du désir, de la créativité, de la vie.
La Parole permet de créer, de nommer les êtres et les choses, les évènements, donner de la signification à partir de son histoire, de ce que nous vivons en relation avec les autres. C’est une recherche de sens. « Il n’y a pas de réalité en dehors d’une théorie qui la nomme » nous dit Einstein.
« A travers chaque parole passe un peu du premier jour qui crée le monde » Jean Debruynne.
L’écriture des grands récits :
Les grands récits que nous retrouvons dans la Bible, sur des stèles, dans des manuscrits nous montrent qu’ils sont écrits à partir de textes antérieurs et à partir d’une tradition orale. Ce sont des textes vivants qui sont écrits, réécrits, modifiés selon les contextes. Les Tables de la Loi s’inspirent des codes antérieurs retrouvés dans les recherches archéologiques. Les textes des Evangiles ont été écrits de nombreuses années après la mort de Jésus de Nazareth. Ils ont pour contenu la tradition orale, les références à la Bible, la relecture à partir de l’affirmation de la résurrection et le vécu des premières communautés.
Nous ne sommes pas dans la répétition des textes mais dans la création de nouveaux récits de vie qui naissent et se développent dans un contexte social, économique et politique. Ces différentes réécritures des textes Bibliques se sont arrêtées à partir du 4ième siècle de notre ère.
Heureusement, de nombreux autres textes et livres sont apparus. Il est nécessaire de réécrire de nouveaux textes aujourd’hui dans la continuité et l’actualisation de l’Esprit des Evangiles.
Nous sommes paroles et actions :
Les valeurs judéo-chrétiennes transmises par les textes, au cours des siècles s’incarnent dans des actions.
Les religions ont permis la diffusion des valeurs de justice, de solidarité, de pardon… L’aide aux pauvres…
Dans notre époque de sortie de religion nous constatons que les valeurs évangéliques qui imprègnent notre société sont souvent vécues par des personnes engagées dans des groupes, mouvements, associations qui militent pour plus d’humanité.
De ce fait, vivre nos croyances et nos convictions, c’est aujourd’hui rejoindre ou être à l’initiative d’actions qui mobilisent comme l’aide aux exclus, le refus du pouvoir de la finance, la dénonciation des inégalités, le refus du traitement inhumain des étrangers…
C’est pourquoi, il me semble qu’aujourd’hui, c’est en rejoignant les groupes qui militent pour plus d’humanité que nous pouvons vivre nos croyances et nos convictions.
Nous pouvons rejoindre différents groupes qui ont fait la preuve de réflexions et d’actions au service de l’humanité : Amnesty International, l’ACAT, RESF, ATTAC, les Cercles de silence, la Vie Nouvelle, la pastorale des migrants, la Cimade, les groupes qui militent pour la protection de la planète etc…
Signons des appels contre le désarment, pour la recherche de plus de démocratie dans nos institutions.
Soyons à l’initiative de réflexions et d’actions pour une recherche de plus d’humanité dans le sens des Evangiles.
C’est rejoindre la vie de Jésus de Nazareth : l’Esprit des Béatitudes, la rencontre avec la Samaritaine, les foules en recherche de nourriture, une faim de la Parole et du pain, la dénonciation des richesses amassées que pour soi-même…
Cette soif du divin s’exprime dans ce désir, cette recherche de libération intérieure, cette libération en lien avec les autres.
C’est affirmer Sa Présence vivifiante qui nous anime lorsque nous sommes réunis en son nom. A travers notre vécu, nos pratiques. A travers l’humain il y a du divin, de l’infini. C’est le passage de l’humain au divin, la Pâque. Recherchons ce qui est ressuscitant et vivifiant dans notre humanité tout en vivant l’incertitude et le doute qui sont toujours présents sources du désir et de créativité.
Nous sommes donc renvoyés à nous-mêmes, dans l’absence d’une parole sûre, finie, dogmatique, à répéter, mais dans une parole, des gestes, des vécus des actions toujours à créer, à renouveler. C’est l’expérience de l’absence, du tombeau vide qui crée du désir comme un appel à vivre. Le manque-à-être crée du vivant, des êtres qui disent, vivent et croient.
« Nous cherchons Dieu dans la prière et nous y découvrons l’absence qui creuse au cœur le goût de l’Autre. L’homme de désir, dévissé de son prie-Dieu, est libre de travailler à transformer le monde, non plus pour le réduire à soi-même et tenter d’en occuper toutes les places, mais pour le rendre à lui-même en assurant sa place d’homme unique entre les autres » (Denis Vasse –le temps du désir-).
Nous sommes appelés à vivre des transformations.
Pour créer et inventer le style de vie de Jésus de Nazareth aujourd’hui, nous avons besoin d’être à l’écoute de l’Esprit des Evangiles et d’étudier notre contexte social, culturel, économique… pour inventer un style de vie qui corresponde au message et au sens donné par les récits fondateurs de nos croyances.
Jésus de Nazareth a vécu, rencontré des personnes. Il a pris position par rapport aux différents groupes de son époque. Il a pris du temps pour la méditation, la prière. Son enseignement a souvent remis en cause les évidences de l’époque.
Alors, regardons vers l’avenir, le futur reste à construire. Espérer dans l’avenir, c’est redonner de l’attente, du désir pour « réenchanter le présent en y introduisant de l’avenir » comme nous le dit Jean-Claude Guillebaud (le Goût de l’avenir).
Chrétiens Aujourd’hui Orléans
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