La prière dans d’autres religions
et en dehors des religions
La prière, ou plutôt l’état de prière, n’est pas spécifique au christianisme, ni même au judaïsme. Des formes de prière ont existé depuis la nuit des temps et ont sait quelle est, aujourd’hui, l’importance de la prière pour les musulmans, un des piliers de l’islam. La prière peut aussi être associée à des rites. C’est le cas chez les bouddhistes, les taoïstes, les hindouistes, et dans la plupart des autres sphères religieuses et culturelles.
Même si le choix de vie des moines chrétiens n’est ni évident, ni facile à comprendre, on peut être impressionné par leur prière. Tout autant que par celle des moines bouddhistes dans leurs monastères perdus dans la montagne.
Existe-t-il aussi une prière sans Dieu, comme existent des spiritualités en dehors de toute religion ? En d’autres temps, pas tellement anciens, on a rendu de véritables cultes, avec prières, à Staline ou a Mao Zedong… ! S’agit-il seulement de caricatures de prière ?
Quand on visite des lieux marqués par les plus horribles tragédies de l’histoire humaine, d’Auschwitz à Hiroshima, on est saisi par un immense vide : plus rien ne compte vraiment. Certains se posent alors ces questions : pourquoi Dieu a-t-il été absent, pourquoi Dieu a-t-il laissé faire ?
Mais de quel Dieu parlent-ils ? N’est- ce pas plutôt l’anéantissement le plus radical de tout sens de l’humain ? Face à l’horreur extrême, il n’y a plus aucun discours qui tienne, pas même le discours religieux.
Lorsque surviennent des évènements tragiques, des autorités religieuses de confessions diverses nous invitent à prier pour que cela n’arrive plus jamais. Cette prière a-t-elle un sens ? Des catastrophes, naturelles ou provoquées par l’homme, ont eu lieu. Et auront encore lieu, sous une forme ou une autre.
Qu’est-ce alors que prier ? C’est prendre de la distance. D’une certaine façon se retirer, sortir de soi. Se débarrasser des formules toutes faites. Trouver sa véritable liberté et regarder le monde d’une autre façon pour s’engager et agir afin d’échapper à l’absurde.
Une telle démarche est également proche de la médiation pratiquée dans les religions orientales.
Raimon Panikkar, qualifié par son éditeur de « passeur » entre le monde occidental et les sagesses de l’Orient, analyse la pensée bouddhiste qui ne laisse pas vraiment de place à un Dieu.
A propos du silence méditatif, il évoque le silence de la pensée ou de l’esprit, qui à ses yeux compte plus que les silences du cœur et de la voix qui lui sont subordonnés.
« Pour pouvoir l’atteindre, il faut se risquer à entrer dans le silence profond de notre être et faire taire tous les sons internes de notre faculté pensante. (…) Tout l’effort du Bouddha et le bouddhisme ont placé en premier lieu non pas la spéculation ou une doctrine, mais la méditation, la contemplation, la quiétude de l’esprit, le silence intérieur. »
Pour Bernard Besret, la monastique n’est pas un phénomène de nature vraiment religieuse, mais d’abord un art de vivre qui va à l’essentiel. Ne peut-on pas dire autant de la prière, élément fondamental de la vie monastique ? Dès lors la prière ne nous ouvre-t-elle pas une communion universelle avec tant d’autres femmes et hommes dont le Mahatma Gandhi qui continue à inspirer tant de jeunes à travers le monde ?
Jean-Pierre Schmitz.
Raimon Panikkar, Le silence du Bouddha
– Une introduction à l’athéisme religieux,
Actes Sud, 2006.
Bernard Besret, A hauteur des nuages,
Chronique de ma montagne taoïste, Albin Michel, 2011.
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