Editorial :
Un jour nous avons répondu à un appel, un appel à suivre quelqu’un qui a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Et nous nous sommes mis en route, en quête de la vérité, lumière pour notre vie. Arrivés (presque) au terme de notre existence, nous pensons que, comme Paul, nous avons cherché la vérité en « combattant le bon combat ». Avec une certaine amertume nous constatons que la terre n’est pas pour autant devenue le paradis auquel nous rêvions. Les jeunes générations poursuivent leur propre chemin, hésitant à mettre leurs pas dans les nôtres. Notre quête de la vérité serait-elle un échec ? Lire la suite
En complément de la Revue
B I E N V E I L L A N C E
François Moalic
C O N T E X T E
Ces quelques feuilles sont des réflexions qui prennent leur source dans les échanges de plusieurs années dans le groupe « Evangile et Modernité 49 » lié à la fédération nationale « Le Réseau des Parvis ». Dans les réunions, on partage convictions et interrogations sur le sens de l’existence. Il n’y a pas de dogme. On s’interdit tout jugement sur le point de vue de l’autre. A la lumière de l’expression de chacun, on renforce ou on modifie ses convictions.
Chacun est autonome. Mais, l’être humain ne peut se conforter ou évoluer sans les autres.
Ce groupe est né au moment de la destitution de Mg Gaillot, au constat que l’autorité ecclésiale a choisi l’exclusion au lieu du dialogue et de sa propre mise en question. La situation a peu évolué, depuis ce temps. L’Eglise demande à ses fidèles et au « monde » de se mettre en question, tandis qu’elle tient ferme sur ses dogmes et sa liturgie, établissant, ainsi, un fossé entre son domaine « clérical » et le reste de l’humanité.
A la fin de chacune des lectures, à la messe, on proclame : « Parole de Dieu ! ». Cette proclamation est une invitation à sacraliser le texte et à jeter le soupçon sur tout commentaire non officiel ! Et, on court le risque de s’en tenir à l’interprétation traditionnelle au lieu d’en approfondir sa contextualisation et son actualisation. Les « clercs » auront toujours le dernier mot.
Il importe, pourtant, d’aborder ces textes évangéliques d’une manière renouvelée et de leur donner SENS pour aujourd’hui, avec intelligence et cœur, en faisant appel aux spécialistes en la matière. Il serait mortifère de laisser gourous ou toutes-puissantes hiérarchies confisquer l’interprétation de ces textes vivifiants !
Les quelques pages qui suivent représentent pour moi des clarifications d’étapes sur la route sans fin de la quête de sens. On a toujours besoin d’être en chemin, car, il ne peut y avoir de vérité, si cette dernière perd tout contact avec la vie. Et, la vie n’a de sens qu’à la condition d’être en recherche d’authenticité, de vérité.
Il n’est pas du tout angoissant d’être en chemin. Chaque étape ouvre de nouveaux horizons. La béate satisfaction de se croire arrivé crée l’ennui et engendre aveuglement et surdité.
– MY S T E R I E U S E V I E
Conscient d’être la fois dépendant et autonome, on essaie de trouver un sens à tout ce qui arrive et à ce que l’on entreprend. Pourtant cette vie qui passe en chacun, n’est ni juste, ni toujours bienveillante. Elle semble combler les uns, mais, elle jette aussi dans l’existence, beaucoup d’autres, avec de sérieux handicaps auxquels ils seront confrontés en permanence. La vie ressemble à un torrent qui charrie dans ses eaux, le meilleur et le pire : force aveugle qui dévore les uns au profit des autres qui s’en nourrissent et prospèrent sur leurs dépouilles.
L’histoire de l’évolution se résume en une immense lutte pour exister, où le plus fort l’emporte, la plupart du temps. Pourtant, au sein de la vie qui se développe, sourd une certaine solidarité vis-à-vis de l’espèce. Cette solidarité s’affine avec le temps et l’évolution des espèces. Elle devient protection, attachement, tendresse, affection. Le développement de l’intelligence et des ressources du cœur ouvre à l’altruisme qui peut aller jusqu’au sacrifice de soi au profit de l’autre. Au sein de la nature biologique apparaît une dimension nouvelle créatrice du monde de la culture qui développe des rapports nouveaux entre les derniers venus que sont les hommes.
Des relations de solidarité et d’amour vont tenter de remplacer la loi du plus fort, dans le perpétuel mouvement de la survie. Au même moment naît une exigence nouvelle : refus d’une fatalité aveugle et recherche d’un SENS, à ce qui survient et à ce qu’on entreprend. On cherche, à la fois à comprendre et à conjurer les forces qui nous dépassent. Ainsi naissent des systèmes d’explications religieuses, philosophiques, mythiques, qui donnent un certain visage aux mystères pour mieux les appréhender, sans pour autant les élucider totalement.
Les hommes ont ouvert le monde du « SYMBOLE », de la « CULTURE ». Des sages, des mystiques, des poètes investissent cet espace. Ils donnent ouverture et sens au quotidien qui est rude parfois. On les dits « inspirés » et ils entraînent nombre de leurs contemporains dans le sillage de leurs créations qui donnent cohérence à la société concernée. Ainsi, des religions ont pris forme et se sont imposées de diverses manières, pour essayer de jeter un peu de lumière sur le mystère de la vie. Même, si elles ont disparu ou perdu de leur influence, des traces de leurs démarches demeurent toujours.
Chacun sait qu’il vient à l’existence par filiation. Il peut contribuer à perpétuer cette vie par paternité ou maternité. Mais, chez l’homme, ces deux relations ne sont pas aussi simples. Elles ne sont pas purement biologiques. Elles se font à l’intérieur d’une culture. Et, l’esprit travaille et modifie ces deux relations citées. On est inscrit dans un courant de vie qui s’arrêterait si l’on cessait de recevoir et de donner. Mais puisque l’on est humain, cet échange, pour demeurer fructueux, implique amour et intelligence, c’est-à-dire, participation de l’esprit. Nul n’est jamais le clone de l’autre.
Considérons, d’un peu plus près, ces trois pôles qui dynamisent cette vie.
1.- La FILIATION
L’homme n’est jamais une pure production passive. Des potentialités lui ont été données à sa naissance, puis tout au long de son existence par les personnes fréquentées et par son environnement. Il dépend de lui de faire fructifier ou non ce qu’il reçoit. Mais il y a une manière humaine de recevoir. Ce « paquet d’héritage » que chacun reçoit est un donné inchangeable, riche de dynamisme ou lourd de handicaps. Quel qu’il soit, il dépend de chacun d’en faire un fardeau ou un tremplin. Afin de pouvoir se construire harmonieusement, tout homme se doit de consentir, d’acquiescer à ce qui lui est donné : cela ne veut pas dire, se soumettre passivement à la fatalité. Sa manière de recevoir va conditionner la construction de son avenir. Sa vie n’est pas le fruit d’une pure programmation, elle est filiation. Demeurer en position de réticence ou de révolte, est cause permanente de gaspillage d’énergies, d’aigreurs, de jalousies… La déstructuration de sa personne, la perte de sens, la disparition d’un horizon prometteur, conduisent vers une régression irréversible. Par contre, s’il considère cet héritage comme un don, il découvre en ses potentialités, une vocation. Toutes ses actions deviennent occasions d’épanouissement et de structuration de sa personne ainsi que de prise en considération des autres et de son environnement. Car, toute sa vie est reconnaissance pour ce qu’il a reçu et ce qui, en lui est handicap peut devenir source d’un « mieux », d’un élargissement de son horizon, d’un surpassement de soi.
Car, être fils ou fille, ne signifie pas « copie », reproduction pure et simple de ce qui a été. La fidélité à cet ensemble de potentialités qui donne à chacun d’exister, exige l’utilisation de ses ressources pour inventer une manière d’être originale qui corresponde davantage à sa personnalité et à son environnement physique et social qui est évolutif.
La filiation assumée consolide la personne enrichit la société. Bien engagée dans le courant de la vie, elle participe avec cette dernière à la dynamique de la création.
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