Comment faire Eglise dans le monde actuel ?
Une histoire de libération
Avec tous les amis et complices de Jésus, nous avons à témoigner de son Evangile dans notre monde contemporain et pour cela, il convient d’abord de réactualiser les deux nouveautés spécifiques et contextuelles de son message de libération :
– que cette libération n’est pas attribuée au mérite ni aux plus vertueux, ni aux plus pieux ; elle est destinée à toute l’humanité. Mais cette visée universelle suppose la levée préalable et radicale de toute forme d’avertissement et de captivité, de soumission et d’oppression, mais aussi d’humiliation et de résignation, de honte et de peur. Cette émancipation est incontournable pour la dignité de tous : victimes et prédateurs ;
– que cette libération s’opère au coeur même de la vie, de ses défis, de ses conflits, à distance des dispositifs religieusement institués et parfois en contradiction avec eux. Oui, cette libération évangélique est une libération laïque ! …
Notre Eglise devrait donc reconnaître comme une chance d’authenticité de ne plus avoir à régner sur un monde de chrétienté mais d’accompagner les croyants au coeur d’une humanité sécularisée, respectueuse des diverses manières de vivre, d’aimer, de s’aimer, de croire ou non, mais exigeante quant à la justice, la solidarité, l’égale dignité de chacune et chacun dans sa différence humaine, culturelle, spirituelle.
Cela appelle à certains renversements.
Il revient désormais :
– aux précaires et aux exclus d’évangéliser les trop bien-pensants ;
– à ceux qui cherchent d’éclairer ceux qui croient savoir ;
– aux cités prolétaires, aux camps de réfugiés etc. de devenir les premiers lieux de culte ;
– à la primauté de l’amour de traduire tout dogme et de convertir toute doctrine ;
– à la recherche d’un sens renouvelé de la vie de transcender l’exemplarité des
comportements et la codification des rites.
C’est ainsi que se traceront de nouveaux chemins de foi, une foi partagée dans l’action, exposée aux débats, nourrie de l’Evangile avec ses révoltes et ses utopies, célébrée à chaque pas en avant, à chaque pauvreté vaincue.
C’est ainsi que nous ferons Eglise, une Eglise elle aussi libérée de son arrogance et de prestige, de ses vérités normatives et de son ordre établi, enfin libérée d’elle-même.
Libérée pour assumer le parti-pris positif de Dieu et dire à tous les non-conformes » soyez fiers d’être vous-mêmes « , à tous les rejetés » surtout, ne partez pas « , à tous les marginaux » provoquez-nous « , et à tous ceux qui galèrent » lève-toi et marche ! « .
Michel Deheunynck.
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